Le Graal et le IIIe Reich
 
 
 
Auteur : Emmanuel de Careil
 
 
 
Juste après guerre, différentes légendes apparurent selon lesquelles les Allemands auraient découvert le Graal durant l'occupation du sud de la France mais, jusqu'à ce jour, personne n'est parvenu à confirmer ces bruits ou tout au moins, à retrouver une quelconque trace de l'origine de ces rumeurs.
 
Néanmoins, il est prouvé qu'au tout début de l'arrivée d'Hitler au pouvoir, l'historien et écrivain allemand Otto Rahn s'était particulièrement intéressé au sujet, puisque son roman Croisade contre le Graal est le compte rendu de ses multiples hypothèses historiques.
Étant l'intime de plusieurs dignitaires nazis, au point d'adhérer et de participer à la tristement célèbre SchutzStaffel, ce dernier avait longuement enquêté sur le sujet en allant sur le terrain, puisque des moyens importants furent mis à sa disposition afin de retrouver le Graal qu'il prétendait être caché aux alentours du château de Monségur.
 
Or, il a pu être établi que les SS ne trouvèrent strictement rien lors de leurs différentes investigations, raison pour laquelle la rumeur de la découverte du Graal par le IIIe Reich resta à l'état de légende.
Cependant quelques questions restent ouvertes car il est plus qu'étonnant qu'il fût prétendu, non seulement qu'ils eurent découvert cet objet mythique, mais aussi qu'ils l'auraient transporté au château du Wewelsburg, le temple ésotérique de cette organisation.
Ce château fut reconstruit par les SS sur le même principe que celui de Monségur. L'originalité de ces deux forteresses réside dans ses pourtours triangulaires !
 
Mais les anecdotes sont multiples, puisqu'il a aussi été avancé que, juste avant la fin de la guerre, les SS auraient déménagé leur précieux trésor en direction du sud de l'Allemagne, vraisemblablement en Autriche, ce qui expliquerait, qu'à ce jour encore, il ne subsiste aucune preuve de l'existence de ce trésor.
 
La persévérance est une qualité qui présente l'avantage d'obtenir des réponses quelquefois surprenantes. Elle m'a permis, entre autres choses, de trouver sans doute une bribe d'explication à cette énigme.
Il semblerait qu'Alfred Lardinois, un belge féru d'histoire, se soit penché sur la question un peu par hasard, en recherchant le fameux trésor de Rennes le château et que, de fil en aiguille, Alfred ait trouvé un lien entre le trésor du curé de ce village de l'Aude, et celui des Cathares et des Templiers.
 
C'est en 1939 que cet homme sympathique et jovial a trouvé par hasard un ouvrage traitant de l'affaire de Rennes le château pour laquelle il s'est passionné. Alors militaire dans un régiment stationné en Languedoc-Roussillon, il profita de quelques permissions pour se rendre sur les lieux afin de mener ses propres recherches.
 
Ces dernières le conduisirent tout droit vers les abords de Monségur où ses facultés de déduction lui permirent de découvrir une malle pleine d'or, de bijoux et de pierres précieuses, dans laquelle il remarqua immédiatement un énorme calice ainsi qu'une émeraude de taille inhabituelle.

Ce Belge fort malin et costaud déplaça le coffre des Cathares afin de le mettre en lieu sûr en espérant pouvoir revenir après guerre le reprendre.
Au commencement de l'occupation de la France, notre ami était de retour dans son pays où il entra dans les services de renseignements et d'action. Chargé de la liaison avec la résistance belge pour la surveillance des transports ferroviaires, il fut arrêté par la Gestapo en avril 1943.
 
Après plusieurs jours de tortures et de souffrances, il essaya de négocier sa remise en liberté, livrant son secret à ses bourreaux, tout en espérant qu'ils arrêteraient les recherches concernant ses amis résistants.
 
C'est ainsi que les SS se rendirent sur les lieux pour récupérer la précieuse malle au contenu mystérieux, et c'est vraisemblablement de ce fait historique qu'est née la légende du Graal du IIIe Reich.
Mes investigations dans ce domaine ne se sont pas arrêtées là et c'est en étudiant ce qui a été rapporté à propos du contenu de ce trésor que j'ai été amené à émettre d'autres hypothèses quant à l'origine réelle de ce trésor.
 
L'énorme émeraude et le calice en or incrusté de pierres ne donnent pas beaucoup d'indications concernant la constitution de ce trésor, mais les bijoux sont beaucoup plus explicites : c'est le cas de plusieurs bracelets, assez étranges si on les suppose cathares.
 
En effet, ils ressemblent bien plus à des bijoux vikings qu'à des bijoux cathares comme le pensait l'agent belge lorsqu'il les a découverts.
Une autre piste pourrait rejoindre l'énigme laissée par les Templiers dans l'église de Rennes le château.
 
Les parchemins découverts par l'abbé Saunière évoqueraient effectivement l'emplacement d'un fabuleux trésor. Ceux-ci évoqueraient effectivement l'emplacement d'un fabuleux trésor, dont la présence sous le village de Rennes le château n'a jamais pu être confirmée. Il est même fort probable que le curé n'ait jamais trouvé quoi que ce soit, ce qui expliquerait sa fin miséreuse.
 
D'après les descriptifs de ces énigmatiques bijoux, supposés Vikings par Alfred Lardinois, il est aisé de voir les similitudes avec des bijoux wisigoths. Ce parallèle pourrait paraître surprenant au premier abord. Mais pour qui connaît l'histoire de cette région de France et celle des Wisigoths, tout ceci est plus logique que surprenant.

En effet, d'après les historiens, ceux-ci serait arrivés en Languedoc vers l'an 415, puis aurait envahi petit à petit le Roussillon et enfin l'Aquitaine jusqu'en 418, date à laquelle ils se sont installés de manière définitive dans le sud de la France.
Or, les Wisigoths conquirent Rome en l'an 410 et y firent main basse sur tous les biens. Ceux-ci semblent avoir été considérables, puisqu'il a été établi que les Romains avaient eux-mêmes, précédemment pillé Jérusalem et le temple de Salomon.
 
D'après certains historiens, la fortune des Wisigoths serait constituée de plusieurs centaines de tonnes d'or, de bijoux et de pierres précieuses. Ces fiers conquérants ayant pour habitude de transporter avec eux leur butin de guerre, il est donc fort probable qu'ils l'aient acheminé jusqu'en Aquitaine où ils l'auraient mis à l'abri.
 
Pour peu que l'on connaisse bien la géographie et la topographie de l'Aude et de l'Ariège, il est aisé de se rendre compte que les failles géologiques ne manquent pas et qu'elles pourraient constituer des cachettes idéales pour un butin aussi volumineux. Cela pourrait bien expliquer aussi la multiplicité des nombreux châteaux édifiés aux alentours, dont ceux de Monségur et Rennes le château, nécessaires à sa surveillance.

Il convient de garder à l'esprit que les Templiers, comme les Cathares peu de temps avant, ont occupé les forteresses déjà construites par leurs prédécesseurs. De ce fait, il n'est pas impossible qu'ils aient trouvé trace de l'emplacement de ce trésor gigantesque qu'ils ont farouchement gardé tour à tour.
 
C'est, à mon sens, ce qui expliquerait que des parchemins aient été retrouvés dans l'église de Rennes le château. Il est probable que ceux-ci devaient sûrement indiquer, dans un langage codé, l'emplacement tenu secret, et peut-être même raconter l'histoire et la raison de ce butin colossal.
 
Si l'on s'en réfère à l'énigme laissée par l'abbé Saunière dans son église, il semblerait même que l'histoire puisse être encore plus complexe et qu'elle engloberait aussi une explication religieuse qui serait la véritable raison du choix de cet emplacement mystérieux.
Quant à la malle transportée par les Allemands dans leur pays, son contenu laisse penser à un mélange de biens d'origines différentes ce qui tendrait à prouver que les Cathares avaient caché leurs richesses dans un lieu commun à d'autres ethnies et plus particulièrement sur le même site que les Wisigoths.
 
Partant de ce principe, il y a de fortes chances pour que les Templiers en aient fait autant, ce qui laisse supposer qu'aujourd'hui encore il doit se trouver enfoui quelque part, à la limite de l'Aude et de l'Ariège, une fortune inimaginable qui n'a toujours pas été mise à jour.
Or, comme je le disais précédemment, c'est avec l'énigme du curé de Rennes le château que l'on pourrait bien retrouver ce lieu, si l'on sait toutefois en traduire le sens caché.
 
Le Graal allemand reste quant à lui un mystère. J'ai eu la chance de pouvoir rencontrer la petite-fille de l'agent de renseignements belge, et de discuter avec elle. Il est manifeste que ce butin a bien existé, mais il a disparu bizarrement à la fin de la guerre pour une destination inconnue.

Décidément, ce coffre cathare ne devait pas être trouvé !
Peut-être refera-t-il un jour son apparition ?
Mais dans combien de siècles ?